mercredi 16 avril 2008

Qui peut dire que l'action syndicale n'a servi à rien ?


Après le volet industriel de Gandrange, on entend, on lit, ici et là que les salariés n'ont rien obtenu malgré une bataille de près de 3 mois. Qu'en est-il exactement ? Petit retour en arrière...

Mercredi 16 janvier 2008 :

L'annonce éclate comme un coup de tonnerre. La Direction de Gandrange annonce officiellement la fermeture de l'aciérie et du TAB avec, à la clé, 595 suppressions d'emplois. Elle programme l'ouverture simultanée des discussions du Liv 4 et 3, volet industriel et social comme prévu par la Loi, pour finaliser le tout en 3 semaines. Plus vite elle aura bouclé ce dossier épineux, plus vite elle se dégagera de ses responsabilités, pense-t-elle.

Pourtant, l'Etat ne trouve rien de mieux que de reprendre les propos de Mittal qui annonce le reclassement des 595 salariés sur Florange et le Luxembourg. Rien d'autre n'était prévu. « On ferme et puis c'est tout. Circulez y a plus rien à voir », tel semblait être le message des uns et des autres.

C'était sans compter sur la détermination et la volonté du personnel à ne pas « mourir » sans réagir. Très vite des assemblées générales décident des actions à mener, une stratégie syndicale se met en place et des manifestations s'organisent notamment devant le siège du Luxembourg. A chaque fois, plusieurs centaines de salariés répondent à l'appel des syndicats. Non, Gandrange ne mourra pas, en tout cas pas comme ça.

Cette bataille ouvre une première brèche dans la stratégie patronale, les organisations syndicales obtiennent un délai de 2 mois pour proposer d'autres choix industriels avec la nomination d'un expert, ce que ne prévoit pas la législation. Premier recul de la Direction. De plus, pendant ce laps de temps, le Liv 3 est suspendu, donc pas de discussion possible sur le plan social. Deuxième recul de la Direction. Les médias s'emparent de cette affaire et la couvrent largement au niveau nationale. ArcelorMittal a perdu la bataille médiatique. Troisième recul.

Pas une structure de l'entreprise, pas un cabinet d'Etat, pas un élu ne peut échapper aux interpellations des salariés de Gandrange et des syndicats. Le Président de la République se croit obligé de se saisir de ce dossier avec les résultats que vous connaissez. C'est parti ! Le débat, le vrai est sur la place publique. Quel avenir pour les usines en Lorraine, quelle force politique pour les y aider et quel rôle compte jouer Lakshmi Mittal dans la pérennisation de ses usines ?

La volonté de la CFDT était d'amener la Direction sur le terrain industriel, de l'obliger à débattre non pas des seuls reclassements mais de l'avenir d'une usine, d'une vallée, d'une région. Elle n'a pas eu d'autre choix que d'accepter cette approche. L'Etat non plus.

Lundi 7 avril 2008 :

Après avoir pris connaissance du refus par la Direction du projet industriel alternatif sans de réels arguments, après avoir constaté que la piste du repreneur était bidon, le Président de la République convoque les syndicats à l'Elysée. Il annonce qu'il n'a pas pu convaincre L. Mittal de ne pas fermer les 2/3 de l'usine. Dont acte. Par contre, Gandrange et Florange vont bénéficier d'investissements intéressants qui devraient, dans un cas, créer 124 emplois, et dans le deuxième pérenniser dans le temps l'usine de Florange. Il est également prévu l'ouverture d'un Centre Technique de Formation pour les sidérurgistes d'ArcelorMittal (120 jeunes par an seront formés).


De quoi parle-t-on ?

Il est prévu à Gandrange un investissement de 30 millions d'euros (en plus des 5 déjà obtenus pour le LCB) qui se répartissent de la manière suivante :

- construction d'une ligne de parachèvement de poutrelles avec création de 44 emplois
- construction d'une chaine de panneaux solaires avec création de 10 emplois
- implantation d'un centre de services treillis soudés pour la construction avec création de 40 emplois
- renforcement du CRI avec création de 10 emplois
- étude par Poweo pour la construction d'une centrale électrique avec création de 40 emplois en phase d'exploitation et environ 300 le temps des travaux

Sur Florange :

- lancement d'une étude pour captage et enfouissement du CO2 si la géologie des terrains le permet (en cas de réussite, le site fait un bond en avant de 10 ans)
- investissements lourds pour la rénovation des creusets des hauts fourneaux (environ 300 M Euros)
- étude par Poweo pour la construction d'une centrale électrique avec création de 40 emplois en phase d'exploitation et environ 300 le temps des travaux

Pour la Lorraine :

- MIPI : Pôle d'excellence en matière de recherches et d'innovations technologiques élevé au rang de vocation mondiale
- création d'un fonds capital risque de 20 M Euros (10 ArcelorMittal + 10 Etat) pour les PME et les technologies innovantes

Que faut-il en penser ?

Evidemment, la solution idéale eut été que Mittal revienne sur sa décision de fermeture. Mais, pour autant faut-il dire que nous n'avons pas avancé d'un pouce ? Certainement pas. D'autres estiment que Florange n'a rien à voir avec Gandrange. D'accord, mais c'est bien à Florange que plus de 200 personnes vont aller travailler. Pérenniser les hauts fourneaux, c'est aussi garantir leur avenir et celui de plusieurs milliers des salariés. De plus, la CFDT exige pour le LCB un contrat du même type que celui qui existe entre Duisbourg et Thyssen ce qui l’amènerait au moins jusqu'en 2027.

Certes, pour l'instant ces annonces n'ont toujours pas été concrétisées noir sur blanc. Et, c'est dans ce sens que la CFDT a dit à Nicolas Sarkozy qu'elle n'y croirait réellement lorsque les écrits seront effectifs. A cela, il a répondu qu'il reviendrait à Gandrange avec Mittal pour « graver dans le marbre ces engagements ». Nous les jugerons aux actes.

En attendant, la CFDT ne reste pas inactive. Elle pose un certain nombre de revendications pour que ces « promesses » deviennent réalité. La future visite du Président ne pourra être acceptée par les sidérurgistes qu'à condition que les engagements cités plus haut soient détaillés dans un accord ou un contrat avec l'Etat. Dans le cas contraire, la CFDT estimera cela comme les promesses du 4 février : du vent.

En conclusion :

L'action de la CFDT va maintenant se concentrer sur l'obtention des garanties de toutes les mesures annoncées par le Groupe et l'Etat. Cependant, au regard de ce qui était prévu pour Gandrange et la Lorraine le 16 janvier, personne ne peut dire sérieusement que nous sommes arrivés au point mort.
Oui, l'action syndicale associée à celle des salariés, celle des élus, des médias et de la population ont obligé ArcelorMittal à revoir sa copie initiale. Au-delà de ce qui a été obtenu dans ce domaine, une des priorités essentielles de la CFDT c’est l’avenir de tous ceux concernés par les conséquences négatives de cette fermeture. Qu’ils soient salariés d’Arcelormittal, intérimaires ou bien encore sous-traitants, la CFDT s’investira afin que personne ne soit laissé au bord du chemin. Ce chapitre important fera l’objet d’un prochain tract.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo les gars, essayez maintenant d'avoir le maximum sur le social. Parceque je pense que ça va pas être de la tarte. En ce qui concerne le référé de la CGT, ce qui me désole profondément c'est que cela à agravé fortement les tension à l'Aciérie. Les copains sont à bout et c'est vraiment pas humain d'essayer de faire trainer les affaires juste pour faire de la pub à un avocat soit il rouge!
La colère contre la CGT à l'aciérie augmente chaque jour, je trouve cela malheureux, car même si je n'ai aucune affinité avec eux, je pense que cela fait plaisir à la direction!!! Pourtant il aurait suffit que la CGT soit plus proche des travailleurs et de ce qu'ils souhaitent maintenant!