samedi 11 décembre 2010

Journée d'action européenne le 15 décembre

Campagne de la CES : Contre l’austérité
Pour l’emploi et la croissance
La Confédération européenne des syndicats a décidé d’appeler à une journée d’action partout en Europe le 15 décembre 2010, à la veille du Conseil européen qui réunira les chefs d’Etat de l’Union. Cette journée s’inscrit dans la suite de la Journée d’action du 29 septembre, qui a rassemblé plus de 100.000 syndicalistes venus de toute l’Europe à Bruxelles.

Ces actions font partie de la campagne de la CES contre l’austérité, pour l’emploi et la croissance, visant à changer la donne économique actuellement mise en place partout en Europe.

La généralisation des déficits et de l’austérité

Pour faire face à l’explosion des déficits publics dans de nombreux pays européens qui mettent en cause le Pacte de Stabilité et de Croissance et la stabilité de l’Euro, des plans d’austérité ont vu le jour presque partout dans l’Union européenne. Certains pays européens, y compris dans la zone Euro, affichaient déjà des déficits importants avant le déclenchement de la crise actuelle (c’était notamment le cas de la France). L’intervention massive des Etats en 2008 et 2009 pour sauver le système bancaire et/ou pour relancer l’économie, ainsi que la récession de 2009, en réduisant les recettes fiscales, ont fait exploser ces déficits.
Le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC), limite les déficits publics à 3% du PIB et l’endettement cumulé à 60% du PIB. Ce PSC fut mis en place lors de la création de l’Euro, pour en garantir la stabilité. Très peu de pays de l’Union respectent aujourd’hui ces critères.

Déjà en 2008 et 2009, certains Etats en grande difficulté économique ont fait appel au FMI pour leur venir en aide (Roumanie, Hongrie, Lettonie). Fin 2009, la Grèce affiche un déficit de près de 14% du PIB et une dette dépassant les 115% du PIB, révélant des chiffres sur lesquels le gouvernement précédent avait triché. L’Irlande et le Royaume Uni sont dans des situations guère plus reluisantes (14% de déficit et 64% de dette pour le premier, respectivement 11,5% et 68% pour le deuxième ). Le Portugal (9%, 77%) et l’Espagne (11%, 53%) sont aussi menacés par les agences de notation. La France affichait 7,5% de déficit et 78% de dette

Pour rassurer les marchés financiers et obtenir l’aide européenne et internationale (UE et FMI), ces pays mettent en place des plans d’assainissement budgétaire, qui se traduisent concrètement par des mesures d’austérité touchant de nombreux salariés : gel, voire réduction des salaires des fonctionnaires (jusqu’à 25% en Roumanie, Grèce et Irlande), hausse de la TVA, réduction des effectifs de la fonction publique, coupes sombres dans les budgets sociaux, … De plus, elles sont parfois accompagnées par des mesures visant à réduire le coût du travail pour chercher à relancer l’économie par l’accroissement des exportations : dérégulation du code du travail, modération salariale dans le privé (l’Irlande va jusqu’à réduire son salaire minimum de près de 13% !), …

Mais des mesures de modération salariale et de réduction de prestations sociales sont également prises dans des pays en meilleure santé financière : Allemagne, Danemark, Suède. En France, une politique d’austérité qui ne dit pas son nom est mise en œuvre (réduction de prestations sociales, non remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique, …).

Ces politiques injustes risquent aussi d’être contreproductives sur le plan économique. Ce sont les salariés avec les plus faibles revenus qui en subissent les conséquences les plus dures, et, en l’absence d’investissements pour réactiver l’économie, la réduction généralisée du pouvoir d’achat risque d’étouffer toute velléité de redémarrage de la croissance.

Donner la priorité à l’emploi et à la croissance

Avec la CES, la CFDT veut donner la priorité à l’emploi et à la croissance. Elle revendique :
  • La mise en place d’une politique de relance coordonnée à l’échelle de l’Union par des investissements favorisant un développement économique durable.
    o L’innovation dans les nouvelles technologies à faibles émissions de carbone, l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et des transports, doivent permettre de réamorcer la croissance et l’emploi.
    o L’investissement en matière de formation initiale et continue doit favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et l’adaptation des salariés aux métiers de demain.
  • Le renforcement du socle social européen pour assurer la cohésion sociale dans l’Union et éviter que les Etats membres se concurrencent par un moins disant social. La mise en place d’un salaire minimum pour chaque pays européen, adapté à sa situation, est un élément important de ce socle commun.
  • Une harmonisation fiscale pour éviter que les entreprises jouent sur la concurrence entre Etats membres dans ce domaine et ainsi stabiliser le tissu économique européen.

Consolider la zone Euro

La mise en place de la monnaie unique a été une véritable avancée. L’Euro protège notamment des dévaluations compétitives que connaîtraient nos pays en ces temps de crise. Mais l’absence de gouvernance économique de la zone Euro, les politiques divergentes des Etats de la zone sont préjudiciables. Depuis le début de la crise, ces besoins ont été mis en évidence et reconnus. Face au risque de faillite des Etats endettés de la zone Euro, des dispositifs de sauvegarde ont enfin vu le jour, mais beaucoup reste à faire pour dépasser les intérêts particuliers des Etats.

Reste à décider d’une politique économique et budgétaire commune qui viserait la réduction des dettes publiques dans des délais raisonnables et conserverait des moyens pour des politiques d’investissement communes.

Agir partout en Europe

Autour de la journée du 15 décembre est organisée une large palette d’actions, allant de manifestations dans certains pays, à des grèves générales, en passant par des rassemblements de militants ou des rendez-vous avec les autorités des Etats-membres.

Après la grève générale unitaire au Portugal le 24 novembre, très largement suivie, des manifestations ont eu lieu le 25 en Grèce, le 27 en Irlande, en Italie et en Autriche. Les syndicats belges organisent un rassemblement le 15 décembre à Bruxelles, devant les bâtiments des institutions européennes (Commission et Conseil). Des grèves et des manifestations sont programmées en Espagne les 15 et 18 décembre, tandis que le DGB et ses fédérations organisent des manifestations dans différentes villes allemandes courant décembre. Des manifestations ont également lieu dans des pays de l’Est de l’Europe (Hongrie 4 décembre, Lettonie 9 décembre).

Au niveau français, l’intersyndicale réunie le 29 novembre a décidé d’une interpellation des décideurs économiques et politiques.

Pour la CFDT, le 15 décembre doit être une journée d’interpellation des décideurs politiques nationaux en prise avec les politiques européennes :

  • Le gouvernement français (ministre des Affaires européennes),
  • Les délégations européennes de l’Assemblée nationale et du Sénat,
  • Les groupes des députés européens.

Les messages CFDT, en phase avec les positions de la CES, sont :

  • Le besoin de politiques économique et budgétaire coordonnées pour une relance favorable à l’emploi et un échelonnement concerté des réductions des déficits publics, au lieu des politiques d’austérité,
  • Le renforcement du socle social avec, en premier lieu, la mise en place d’un salaire minimum dans chaque pays de l’UE,
  • L’harmonisation fiscale.

D’ores et déjà, une troisième Journée d’action européenne est prévue lors de la Présidence hongroise de l’UE qui débute le 1er janvier 2011. La CES propose d’organiser une grande manifestation à Budapest et appellera à manifester simultanément dans toute l’Europe. Cette action est prévue au début du printemps et sera programmée pour coïncider avec une réunion des ministres européens des finances ou avec un événement similaire.

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